Voilà déjà une douzaine d'années qu'Aya Brea, l'héroïne des Parasite Eve, se cherche. Après avoir flirté avec le registre du survival-horror teinté d'aventure et de RPG, la belle ne sait visiblement plus trop sur quel pied danser puisqu'elle opte aujourd'hui pour le TPS. Amorçant une rupture nette avec ses prédécesseurs, The 3rd Birthday est un jeu d'action surprenant, dans le bon sens du terme !
Nous sommes à New York en 2012 sur l'île de Manhattan, la veille de Noël, et l'humanité est au plus mal. La fin du monde ne semble jamais avoir été aussi tangible que depuis l'apparition des Twisted, des créatures monstrueuses dérivant d'une forme de vie d'origine inconnue qui menacent la population d'extinction. Les derniers espoirs de la race humaine reposent désormais sur les frêles épaules d'Aya Brea, seul être au monde qui soit compatible avec une toute nouvelle technologie baptisée Overdive et qui lui confère le pouvoir de neutraliser les Twisted. Epaulée par les membres du CTI (Counter Twisted Investigation), Aya est prête à aller jusqu'au bout en dépit de sa peur d'échouer devant l'énorme responsabilité qui lui incombe. Mais elle devra en passer par là si elle souhaite remettre de l'ordre dans ses souvenirs et se débarrasser de cette amnésie qui a soudainement instillé le doute dans son esprit.
Bien qu'elle ne requière pas une connaissance poussée des événements narrés dans la série Parasite Eve, l'histoire de The 3rd Birthday se plaît à balader le joueur à travers le temps moyennant de très nombreux flash-back faisant aussi bien intervenir des personnages connus qu'inédits. Mais ces va-et-vient incessants entre le passé et le présent ont un effet déroutant qui se fait un peu au détriment de la compréhension globale de l'intrigue de The 3rd Birthday. Et à moins de consulter la base d'informations relative au scénario ou de refaire plusieurs fois le jeu, on se sent rapidement dépassé par une histoire qui brille, a contrario, par la qualité de ses cinématiques et le charisme de son héroïne. Car c'est une Aya fragile mais déterminée que l'on découvre dans cet épisode, avançant malgré elle dans des environnements complètement ravagés par l'action de créatures aussi meurtrières que terrifiantes, guidée par l'infime espoir de retrouver son identité.
Si l'action est omniprésente et toujours survitaminée dans The 3rd Birthday, la progression réserve malgré tout quelques instants de répit où la tension, loin de retomber, s'accentue d'autant plus que l'on ressent l'imminence des cauchemars à venir. L'atmosphère pesante est l'un des points forts de ce titre qui déçoit en revanche davantage par sa construction. Chaque mission est en effet composée de zones connexes qu'il faut systématiquement nettoyer pour accéder à la suivante, et cela passe presque toujours par l'éradication des noyaux qui génèrent les Twisted à l'infini et qu'il convient donc de déceler en priorité si l'on ne veut pas se laisser rapidement déborder. Pour cela, Aya peut compter sur ses alliés du CTI, un groupe de soldats dont la présence va lui permettre d'exploiter au maximum les étonnantes capacités de l'Overdive.
Ce pouvoir, accessible à tout moment du jeu, consiste à chercher dans les alentours un allié suffisamment proche pour pouvoir se projeter dans son corps à distance et se téléporter à l'endroit où il se trouve. De cette manière, on peut non seulement se déplacer à la vitesse de l'éclair pour échapper à un traquenard, mais aussi bénéficier de l'arsenal du soldat ciblé par l'Overdive et de la position qu'il occupait. A l'écran, on peut voir la jauge de vie de tous les soldats présents dans la zone et passer de l'un à l'autre au bon moment pour éviter de mourir. Ce système, assez déroutant à première vue pour un TPS, se révèle incroyablement efficace dans le cas présent. Il confère aux gunfights un aspect tactique vraiment intéressant et vient contrebalancer la fragilité apparente de l'héroïne. Car l'un des intérêts premiers de l'Overdive est de permettre au joueur de se placer intelligemment en prenant le contrôle des soldats les mieux situés par rapport à l'ennemi. Il faut aussi prendre en compte la nature de l'arme qu'un allié détient car le fait de l'incarner permet d'utiliser cette arme tant qu'il reste en vie, et c'est parfois le seul moyen de mettre la main sur un gun surpuissant.
Très honnêtement, on imagine mal comment le gameplay de The 3rd Birthday aurait pu tenir la route sans la notion d'Overdive. La visée étant automatique et la progression plutôt répétitive, c'est bien l'Overdive qui apporte tout son intérêt et toute sa subtilité à l'action. Chaque mission a beau tenter de se démarquer des autres en mettant en jeu de nouveaux objectifs, c'est clairement cette recherche constante des points stratégiques qui confère tout son piment au jeu. On a même parfois la possibilité de se projeter dans le corps de pilotes d'hélicoptères blindés ou de soldats aux commandes de tanks et autres mitrailleuses lourdes, dans les moments où le recours aux simples membres du CTI ne suffit plus à se sortir d'une situation par trop défavorable. Tout cela réussit à nous faire oublier la redondance du système de jeu, les quelques défaillances de la caméra et la durée de vie relativement limitée du soft si on se contente de le finir une seule fois.
Car une bonne partie de l'intérêt de The 3rd Birthday réside dans ses nombreux bonus à débloquer et notamment cet arsenal ultra fourni et évolutif que l'on ne fait qu'effleurer durant les 8 premières heures nécessaires à l'accomplissement des 7 chapitres du jeu. Pour le coup, les développeurs ont réussi à rendre chaque type d'arme véritablement indispensable à la progression, et on apprend vite à tirer parti des caractéristiques de nos trois guns de prédilection pour abréger au maximum les confrontations. Cela passe aussi par le recours à l'Overdive Kill, une technique qui consiste à foncer brutalement dans le corps d'un Twisted pour lui infliger des dégâts conséquents et qui survient lorsqu'on optimise les placements de ses alliés pour favoriser le crossfire. Dans le meilleur des cas, une jauge de libération permet également à Aya de passer temporairement en état de transe pour éradiquer toute présence ennemie à l'entour, mais l'omniprésence de barricades destinées à se mettre à couvert reste indispensable pour négocier les gunfights les plus tendus.
Une autre bonne trouvaille de The 3rd Birthday prend la forme de puces énergétiques qu'il faut installer judicieusement pour modifier la structure ADN d'Aya. Cela permet de personnaliser l'évolution des caractéristiques de l'héroïne moyennant quelques tâtonnements. En effet, le placement et la combinaison des puces se font de manière aléatoire et on peut souvent tenter plusieurs fois de suite la même fusion sans jamais obtenir le même résultat. La gestion de cet outil de customisation n'en reste pas moins efficace, décuplant par exemple la vitesse de régénération des soldats participant à un crossfire ou augmentant la fréquence des dégâts critiques et le taux de recharge des armes. Les possibilités offertes par ce système sont d'autant plus intéressantes qu'on peut jouer sur le niveau des bonus pour optimiser leur efficacité, sachant que certaines combinaisons comportent en revanche des risques de mutation rarement bénéfiques. En marge du menu ADN et de l'évolution de l'arsenal, Aya gagne aussi de l'expérience au fil des combats et peut modifier son accoutrement pour renforcer sa défense, les dégâts subis se traduisant par une dégradation visible de ses vêtements. En définitive, même s'il n'est pas sûr que les fans de Parasite Eve se retrouvent dans cet épisode, The 3rd Birthday mérite largement le coup d'oeil et tire habilement son épingle du jeu dans une catégorie plutôt casse-gueule sur PSP.
Etant donné l'impossibilité de capturer nos propres images, les screens qui illustrent ce test proviennent de l'éditeur.
Les notes
Graphismes17/20
Même si la thématique de fin du monde condamne le joueur à évoluer dans des environnements apocalyptiques, la réalisation de haut vol rend le titre assez bluffant au niveau graphique. L'héroïne est bien sûr largement mise en valeur et les cinématiques sont magnifiques.
Jouabilité16/20
La notion d'Overdive est véritablement la bonne trouvaille qui empêche le soft de se noyer dans la banalité. La visée automatique n'est pas un handicap mais une nécessité dans un jeu où l'on change constamment de position pour tirer parti au mieux de l'arsenal et de l'environnement. Les possibilités de customisation des armes et des bonus ADN permettent à chacun de personnaliser Aya à sa convenance.
Durée de vie14/20
Tout dépend de votre manière d'aborder le jeu. Si vous comptez ne le faire qu'une seule fois, vous viendrez à bout des 7 chapitres en moins de 8 heures. Mais le jeu possède une très bonne replay value si l'on prend en compte la tonne d'armes et de bonus qui se débloque en recommençant l'aventure plusieurs fois.
Bande son16/20
Compositrice attitrée de la série Parasite Eve, Yôko Shimomura nous offre une OST immersive à souhait mais qui se prête forcément moins à une écoute hors contexte.
Scénario13/20
Les trop nombreux va-et-vient dans le temps ne favorisent pas vraiment la compréhension de l'histoire et toute la base d'informations (comme le reste des textes) est en anglais uniquement.
The 3rd Birthday fait table rase de l'héritage légué par la série Parasite Eve et tente le pari fou de renouveler le genre du TPS à l'aide d'une idée diablement efficace : l'Overdive. A lui seul, ce système nous fait oublier les quelques défauts du titre pour focaliser toute notre attention sur ses qualités, à commencer par un gameplay tactique et survolté que l'on n'espérait pas si accrocheur. Les nombreuses possibilités de customisation favorisent aussi grandement la replay value du titre.
Note de la rédaction
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